Le blogue de la Semaine de sensibilisation aux maladies mentales : des histoires du rétablissement, des expériences personnelles et des nouvelles concernant la santé mentale/ maladie mentale.

Thursday, November 21, 2013

Face-à-face avec Arthur Gallant


Je crois fermement que tout le monde vivant sur cette planète a une mission; nous avons tous un appel ou une vocation. Je ne fais pas exception. Je n’oublierai jamais quand ma grand-mère s’est assise avec moi à l’âge de quatre ans et m’a dit « Arthur, quand tu seras grand, tu deviendras quelqu’un un jour ». En grandissant, j’ai souvent réfléchi à ce qu’elle pouvait bien vouloir dire. J’ai posé la question à d’autres membres et amis de la famille. Qu’est-ce que ma grand‑mère a bien pu voir en moi à l’âge de quatre ans qui a pu lui faire croire que j’étais tellement spécial? Qu’est-ce qui la rendait tellement certaine que je ferais quelque chose de positif de ma vie quand je serais grand?

Ma vie a comporté, sans aucun doute, des défis particuliers; j’ai eu un cheminement tel que même le plus talentueux des écrivains n’aurait pas pu imaginer une telle histoire. Tout a commencé lorsque je suis né d’une mère qui souffrait d’un handicap intellectuel; mon père nous a laissé avant ma naissance et ma grand-mère a décidé de soutenir ma mère et de s’occuper de moi. Lorsque j’ai eu cinq ans, ma grand-mère est tombée malade et a été diagnostiquée plus tard avec la maladie d’Alzheimer. Ma mère a été forcée de s’occuper de moi à temps plein ou devrais-je plutôt dire que j’ai été forcé de m’occuper d’elle?

Avec cette lourde responsabilité sur les épaules, je ne me sentais pas comme les autres enfants de mon âge. J’ai passé toute mon enfance à m’inquiéter de ne jamais avoir assez d’argent et à me demander si la déclaration de revenus de ma mère était remplie à temps. La responsabilité a fini par devenir une charge trop lourde pour moi et je me rappelle que dès l’âge de huit ans, je me sentais tellement anxieux et déprimé que j’ai commencé à vomir, seulement pour ne pas avoir à aller à l’école.

Lorsque j’ai eu neuf ans, la Société d’aide à l’enfance m’a pris en charge et un juge a accordé la tutelle à la SAE, ce qui veut dire que la Société est devenue mon tuteur légal. Au cours des prochaines années, mes symptômes étaient toujours présents et je me suis bien vite demandé pourquoi je me sentais ainsi. Pourquoi était-ce si difficile pour moi de sortir du lit le matin? Pourquoi avais-je toujours le goût de pleurer sans vraiment savoir pourquoi? Pourquoi avais-je toujours l’impression que je serais kidnappé lorsque mon regard croisait quelqu’un dans le métro?

Après avoir reçu un diagnostic de dépression et de trouble d’anxiété, j’ai repris beaucoup d’énergie. Même lorsque j’étais adolescent, j’exprimais mon opinion au sujet des soins et du traitement que je recevais et j’estimais que mon équipe de soins de santé et mes aidants ne connaissaient pas toujours ce qu’il y avait de mieux. Le Bureau de l’intervenant provincial en faveur des enfants et des jeunes de l’Ontario m’a aidé à défendre mes droits face à la SAE, mais aussi en ce qui a trait à mes traitements en santé mentale. Cela m’a amené à siéger au premier d’une série de groupes consultatifs pour leur Bureau.

Au fil du temps, d’autres organismes et ministères gouvernementaux ont commencé à me remarquer. Les hauts dirigeants des ministères et des organismes auxquels j’étais client venaient me voir pour me demander conseil sur les changements probables à apporter aux politiques et aux pratiques.

J’ai toujours voulu être journaliste afin de pouvoir raconter les histoires des autres. Je n’aurais jamais imaginé que je partagerais la mienne un jour d’une manière très publique. Je passe beaucoup de temps à faire des discours, à offrir des conseils et des services de consultation. À l’occasion, je suscite même des débats quant à la position que ce pays adopte lorsqu’il s’agit du traitement des personnes atteintes de maladie mentale.


Voilà comment je passe de la sensibilisation à l’action!

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