Je crois fermement que
tout le monde vivant sur cette planète a une mission; nous avons tous un appel
ou une vocation. Je ne fais pas exception. Je n’oublierai jamais quand ma
grand-mère s’est assise avec moi à l’âge de quatre ans et m’a dit « Arthur,
quand tu seras grand, tu deviendras quelqu’un un jour ». En grandissant, j’ai
souvent réfléchi à ce qu’elle pouvait bien vouloir dire. J’ai posé la question
à d’autres membres et amis de la famille. Qu’est-ce que ma grand‑mère a bien pu
voir en moi à l’âge de quatre ans qui a pu lui faire croire que j’étais
tellement spécial? Qu’est-ce qui la rendait tellement certaine que je ferais
quelque chose de positif de ma vie quand je serais grand?
Ma vie a comporté, sans
aucun doute, des défis particuliers; j’ai eu un cheminement tel que même le
plus talentueux des écrivains n’aurait pas pu imaginer une telle histoire. Tout
a commencé lorsque je suis né d’une mère qui souffrait d’un handicap
intellectuel; mon père nous a laissé avant ma naissance et ma grand-mère a
décidé de soutenir ma mère et de s’occuper de moi. Lorsque j’ai eu cinq ans, ma
grand-mère est tombée malade et a été diagnostiquée plus tard avec la maladie d’Alzheimer.
Ma mère a été forcée de s’occuper de moi à temps plein ou devrais-je plutôt
dire que j’ai été forcé de m’occuper d’elle?
Avec cette lourde
responsabilité sur les épaules, je ne me sentais pas comme les autres enfants
de mon âge. J’ai passé toute mon enfance à m’inquiéter de ne jamais avoir assez
d’argent et à me demander si la déclaration de revenus de ma mère était remplie
à temps. La responsabilité a fini par devenir une charge trop lourde pour moi
et je me rappelle que dès l’âge de huit ans, je me sentais tellement anxieux et
déprimé que j’ai commencé à vomir, seulement pour ne pas avoir à aller à l’école.
Lorsque j’ai eu neuf ans, la Société d’aide à l’enfance m’a pris en charge et un juge a accordé la tutelle à la SAE, ce qui veut dire que la Société est devenue mon tuteur légal. Au cours des prochaines années, mes symptômes étaient toujours présents et je me suis bien vite demandé pourquoi je me sentais ainsi. Pourquoi était-ce si difficile pour moi de sortir du lit le matin? Pourquoi avais-je toujours le goût de pleurer sans vraiment savoir pourquoi? Pourquoi avais-je toujours l’impression que je serais kidnappé lorsque mon regard croisait quelqu’un dans le métro?
Après avoir reçu un
diagnostic de dépression et de trouble d’anxiété, j’ai repris beaucoup d’énergie.
Même lorsque j’étais adolescent, j’exprimais mon opinion au sujet des soins et
du traitement que je recevais et j’estimais que mon équipe de soins de santé et
mes aidants ne connaissaient pas toujours ce qu’il y avait de mieux. Le Bureau
de l’intervenant provincial en faveur des enfants et des jeunes de l’Ontario m’a
aidé à défendre mes droits face à la SAE, mais aussi en ce qui a trait à mes
traitements en santé mentale. Cela m’a amené à siéger au premier d’une série de
groupes consultatifs pour leur Bureau.
Au fil du temps, d’autres
organismes et ministères gouvernementaux ont commencé à me remarquer. Les hauts
dirigeants des ministères et des organismes auxquels j’étais client venaient me
voir pour me demander conseil sur les changements probables à apporter aux
politiques et aux pratiques.
J’ai toujours voulu être
journaliste afin de pouvoir raconter les histoires des autres. Je n’aurais
jamais imaginé que je partagerais la mienne un jour d’une manière très
publique. Je passe beaucoup de temps à faire des discours, à offrir des
conseils et des services de consultation. À l’occasion, je suscite même des
débats quant à la position que ce pays adopte lorsqu’il s’agit du traitement
des personnes atteintes de maladie mentale.
Voilà comment je passe
de la sensibilisation à l’action!
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